La conception pour des bâtiments réversibles et démontables est une véritable démarche de transition
Grâce à des constructions flexibles et mieux démontables, conçues suivant les principes de circularité nous produirions des architectures qui parviennent à prolonger leur durée de vie par la réversibilité, à faire que les bâtiments constitueraient des réserves de matériaux réemployables et revendables. Alors l’approche de la conception pour la démontabilité serait véritablement vertueuse à bien des égards.
Les avantages sont multiples. Une réduction significative des déchets et moins de pression exercée sur l’environnement et les ressources naturelles ; une plus grande valeur patrimoniale et économique des bâtiments à long terme; le développement de savoir-faire nouveaux ou retrouvés tant en ingénierie qu’en façonnage ou en mise en œuvre ; et enfin une réduction significative des émissions de CO2, avantage majeur démontré par les récentes expérimentations.
La conception de bâtiments réversibles et démontables serait aussi un facteur de résilience non négligeable en ce qu’elle permet une agilité d’intervention pour réparer et transformer les bâtiments et faire face plus rapidement à des situations d’urgence en cas de crises majeures (séisme, inondation, tempête, incendie) et permettre de retrouver rapidement le cours normal des fonctions vitales de la ville.
La conception pour des bâtiments réversibles et démontables est une véritable démarche de transition et non pas de rupture. Elle ne se substituera pas entièrement aux autres manières de construire cependant elle pourra souvent venir astucieusement en complément.
La réversibilité et la démontabilité totales ne pourraient sans doute pas être transposées à tous types de programmes et de bâtiments cependant, ce mode de conception peut être instillé partout, à toutes les échelles et dans toutes les filières constructives.
Elle peut non seulement réduire la production de déchets difficiles à traiter, mais, grâce à des réemplois successifs sur le temps long, elle a aussi la faculté de rendre moins impactant des classes de matériaux qui le sont fortement habituellement.
Un développement de la conception démontable accroîtrait donc le recours à la préfabrication. Cependant il convient de prendre garde à ce que l’industrialisation reste au service de l’architecture et que l’inverse ne se produise pas.
Une croissance rapide des procédés dits « hors-sites » ne serait pas en soit une mauvaise chose à condition que son développement ne demeure à visée productiviste mais soit collaboratif, partagé et solidaire, de sorte à tirer vers le haut les métiers du bâtiment et non aller vers toujours plus de taches ennuyeuses, peu gratifiantes et plus de précarisation.
Promouvoir les savoir-faire artisanaux écoresponsables
La multiplication de la préfabrication devrait être une opportunité de revalorisation des savoir-faire. Faire que les artisans puissent accéder plus facilement aux nouvelles technologies sobres, notamment l’utilisation des outils numériques, pour que la préfabrication ne soit plus l’apanage des grosses industries et que les métiers du bâtiment gagnent en attractivité.
Beaucoup d’efforts devront être mis pour la formation à de nouveaux métiers tant en conception qu’en fabrication. Notamment, les écoles, universités et centres de formation professionnelle devraient intégrer la démontabilité des constructions dans les programmes d’enseignement. Législation et réglementation nécessiteront également de grandes évolutions pour que le réemploi puisse gagner tous les corps d’état.
A ce titre, les professionnels du bâtiment, architectes, ingénieurs, artisans, industriels, mais également les pouvoirs publics, ont collectivement un rôle important dans la réussite du changement de paradigme vers des bâtiments démontables. En faire accepter l’idée par les habitants et gagner la confiance des maîtres d’ouvrages sont autant d’axes de travail cruciaux.
La production de bâtiments démontables est d’abord à prendre comme un moyen de production de bâtiments écoresponsables. Il ne s’agirait donc pas que la facilité de démontage et de réemploi, ne constitue « une façon d’organiser l’obsolescence programmée des bâtiments 1» en réduisant stratégiquement leur durée d’usage pour en construire de nouveaux.
Réhabilitons ou construisons aujourd’hui des bâtiments qui soient sobres et low-tech, adaptables, réparables et résilients. Peut-être deviendront-ils des bâtiment-réserves de matériaux dans 100 ans?
Le but ultime de la démarche est de concourir à une réduction de consommation de ressources et d’énergie ainsi qu’à une diminution des émissions de CO2. L’accent doit donc être mis sur l’adaptabilité des bâtiments aux nouveaux usages futurs. Le réemploi ou le recyclage ne sont que les derniers recours de la démontabilité.
Les pages et articles de ce site vous proposent d’explorer l’univers de la démontabilité et de la réversibilité.
Étude de cas dans le cadre du projet BAMB2020 – La démontabilité réduit efficacement les émissions CO2 par un Réemploi optimisé
Illustration entête:
– Détail projet marché Antananarivo Hery Ravelomananatsoa
1 Citation de Emmanuel Pezrès- «Vers une conception écosystémique », dans le cadre des conférences de la Frugalité Heureuse et Créative – propos tenu dans la vidéo à 1:07:54 à https://www.youtube.com/watch?v=G–5SIX8ANA&t=578s (consulté le 24/11/2020)